Qu'est-ce qu'un Cahier des Charges ?
Cahier des Charges. En effet, ça semble un peu barbare au premier abord. C'est en fait l'abréviation de Cahier des Charges Fonctionnel, que l'on abrège en général CDCF.
Le cahier des charges fonctionnel (CdCF) est un document formulant le
besoin du client, au moyen de fonctions détaillant les services rendus
par le produit et les contraintes auxquelles il est soumis.
A quoi ça sert ?
Question fatidique.
En effet, à première vue, un cahier des charges n'est pas
indispensable. C'est vrai pour les petits petits projets réalisés par
des particuliers comme vous et moi. Cependant, pour les entreprises,
avoir un cahier des charges qui tient la route est indispensable.
En effet, le concepteur doit savoir, avant même de réfléchir à la façon
dont il va mettre en place le fonctionnement du produit en question,
son rôle, etc.
L'objectif ici n'est pas de vous faire un cours complet sur la
réalisation d'un CDC en entreprise, mais de vous donner les outils pour
en créer lors de vos projets personnels. Cependant, connaitre un
minimum la façon dont il est rédigé est toujours intéressant.
Nous allons maintenant voir quelles informations fournir dans un cahier
des charges dans le cadre de vos projets personnels, et nous nous
attarderons ensuite sur les outils à votre disposition à cette fin.
Que mettre/ne pas mettre dans un cahier des charges ?
Le cahier des charges à un rôle bien précis : définir dans quel
environnement un objet fonctionne et quelle(s) fonction(s) il doit
réaliser. Il doit se contenter de définir cet environnement et ces fonctions, et uniquement les définir.
Il ne faut en aucun cas apporter des solutions pour les effectuer.
Un exemple concret : une tondeuse à gazon. Sa fonction est facile à trouver : tondre la pelouse (comment ça, elle est pas originale, ma fonction), une contrainte pourrait être de ne pas pouvoir couper un objet d'une
épaisseur supérieure à 0.5mm (pour un brin d'herbe, c'est déjà énorme
!!). Il est tentant d'essayer d'expliquer comment on réalisera cette
fonction et se pliera à cette contrainte. Cependant, c'est typiquement
ce qu'il ne faut pas faire.
Je le dis et je le répète : dans le Cahier des Charges, on ne doit pas
apporter de solutions de conception, mais uniquement expliquer
clairement le rôle de l'objet en question. Il existe de nombreux outils
pour le faire correctement, nous apprendrons à les exploiter très
bientôt.
Une démarche normalisée
Encore un mot barbare. On aime bien donner des noms compliqués à des
notions très simples. La démarche de réalisation d'un cahier des
charges est dite normalisée car elle est régie par des normes. Ce sont des sortes de loi, que tous les concepteurs respectent afin de se comprendre entre eux.
Bien entendu, il existe un grand nombre de normes. Les normes françaises sont régies par L'AFNor.
Elles peuvent sembler contraignantes, mais limitent en fait le risque
de se planter dans son cahier des charges (ce qui peut se révéler
catastrophique pour les entreprises qui investissent plusieurs millions
de dollars dans un projet).
Elles définissent un nombre assez important de règles, et proposent
notamment une méthode pour présenter le Cahier des Charges rédigé. Cela
force les concepteurs à suivre un raisonnement rigoureux et à se poser
les bonnes questions au bon moment. La démarche de rédaction du Cahier
des Charges Fonctionnel compte grosso modo 3 étapes principales :
- L'introduction au problème posé
- L'expression fonctionnelle du besoin
- Les solutions proposées pour répondre à ce besoin
Chacune de ses parties est accompagnée d'outils qui aident le
concepteur à structurer sa démarche et son raisonnement. Ils permettent
en plus d'éviter d'avoir à écrire des pages et des pages de textes, car
tout est schématisé, comme nous allons le voir.
Introduction au problème posé
Ici, l'idée est simple : il faut donner une description succinte du
projet. Expliquer en quoi il consiste, son objectif, une éventuelle
prévision des dépenses et bénéfices s'il y a lieu, etc.
Il faut aussi lui donner un contexte : sa situation par rapport à
d'autres au sein de l'entreprise, les études effectuées et celles à
effectuer, ainsi qu'une liste exhaustive des personnes concernées par
le projet si elles sont connues à l'avance.
Expression fonctionnelle du besoin
C'est la partie clé du Cahier des Charges, il ne faut absolument pas la
rater. En effet, c'est là qu'on définit les fonctions et les
contraintes.
Chaque fonction et chaque contrainte est définie par un certain nombre d'informations la concernant :
- Son nom (il est très important celui-là)
- Ses critères : ils indiquent dans quelles
conditions la fonction en question est considérée comme réalisée. Par
exemple, avec notre tondeuse à gazon, une contrainte pourrait être "Ne
pas mettre l'utilisateur en danger". Cette fonction est importante,
mais il faut la préciser : dans quels cas peut-on considérer que
l'utilisateur est en sécurité ? Un des critères pourrait être "La lame
de la tondeuse doit être inaccessible". Ainsi, si l'utilisateur ne peut
pas toucher la lame, il est clair qu'il ne risque pas de se blesser
avec. En général, une fonction est accompagnée de plusieurs critères.
- Son niveau : si le critère de la fonction est
défini d'une façon numérique, le niveau est la valeur qui est associée
à ce critère. Toujours avec notre tondeuse, une contrainte pourrait
être "Correspondre à l'énergie disponible". Le critère est la nature de
l'énergie (en général, énergie électrique). Par conséquent, le niveau
est la quantité d'électricité avec laquelle fonctionnera la tondeuse
(on parle de tension) : 230V si la tondeuse est commercialisée en
France.
- Sa flexibilité : il est possible, dans certains
cas, d'accorder une tolérance au niveau de réalisation d'une fonction.
Si la tension d'alimentation de la tondeuse est de 224V (Volts) au lieu
de 230V, ça n'a rien de dramatique : on donne une flexibilité au
niveau, qui précise jusqu'à quelles limites la fonction est considérée
comme réalisée même si son niveau n'est pas strictement égal à celui
défini préalablement. On peut par exemple accorder une flexibilité de
+/-12% à la tension d'alimentation. Comme ça, si on a une tension de
224V, ça marche quand même. Le tout est de trouver une flexibilité cohérente en fonction du
résultat souhaité. Bien entendu, la flexibilité n'est pas indispensable
: pour le respect des normes, elle n'a pas lieu d'être (les normes
doivent être respectées dans tous les cas)
Solution proposée pour répondre au besoin
Cette partie est un peu la transition entre la rédaction du Cahier des
Charges et la conception. En effet, on commence ici à proposer des
pistes de recherche pour la réalisation de chacune des fonctions.
L'objectif est d'organiser au mieux la suite du projet, en le découpant
en "sous projets". Pour cela, une connaissance parfaite des fonctions
du produit en question est indispensable, pour connaitre la teneur en
travail qu'elles nécessiteront.
Il y a peu à dire. C'est un peu la zone du gros brainstorming ou tous
les génies trollent joyeusement pour faire aboutir leurs idées.
Les outils au service du concepteur
La rédaction d'un Cahier des Charges qui tient la route se révélant
particulièrement difficile et la probabilité de plantage assez
importante, de nombreux outils ont été mis au poins pour aider les
concepteurs dans leurs recherches.
Le diagramme pieuvre
Il permet de relier simplement le produit à son environnement extérieur
(c'est à dire tout ce qui est susceptible d'influer sur son
fonctionnement).
Voici la liste des fonctions et des contraintes :
- FP1 : Permettre aux utilisateurs de se déplacer sur le sol, rapidement et sans se fatiguer
- C1 : Ne pas influer ni être influé par le revêtement du sol
- C2 : Respecter l'environnement, résister à la corrosion
- C3 : Etre esthétique
- C4 : Résister au milieu extérieur
- C5 : S'adapter aux énergies disponibles, limiter la consommation
- C6 : Respecter toutes les lois et règlementations
- C7 : Être confortable, s'adapter à toutes les corpulences
Comme vous le voyez, chaque contrainte est reliée à un élément du
milieu extérieur, alors que chaque fonction relie le produit à deux
élements extérieurs.
Bien entendu, chacune des ces fonctions et contraintes est asssociée à
un certain nombre de critères et d'éventuels niveaux et flexibilité qui
définissent leur cadre de réalisation.